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Blog "La parole du Festival"
Bernard Heidsieck, pour mémoire
Le lundi, 01 décembre 2014
Le poète et performeur Bernard Heidsieck, né le 30 novembre 1928, fait figure d'inspirateur pour nombre d'écrivains et autres artistes. Ayant décidé, au cours des années 1950, de rompre avec l'écrit pour donner de sa voix à une poésie extirpée du livre, il avait pris le parti d'opposer une poésie active, « debout », à celle qu'il jugeait alors passive. L'homme de lettres est mort samedi dernier, le 22 novembre 2014, d'insuffisance respiratoire.
A partir de 1955, on le retrouva au rang des fondateurs de de la Poésie Sonore puis de la Poésie Action en 1962. Il était contemporain des mouvements Beat, Fluxus ou minimaliste américains, et le magnétophone comptait parmi ses outils d'écriture destinés à expérimenter de nouveaux champs poétiques. De 1978 à 1986, il écrivit Derviche/Le Robert, composé de 26 poèmes sonores. Puis à partir de 1988, Respirations et brèves rencontres (60 poèmes produits à partir d’archives d’enregistrements de souffles d’artistes). Par ailleurs, comme beaucoup de poètes, il a poursuivi un travail de plasticien. Dès 1965, il a conçu des planches d'«écritures-collages», la plupart intégrant des circuits intégrés ou des fragments des bandes magnétiques utilisées lors de la création de ses poèmes sonores. Il en réalisera plus de 1000, notamment collectionnées par Francesco Conz. Il aura réalisé 540 lectures publiques «tout autour» du monde.
Bernard Heidsieck en lecture, en mai 1987 à Varsovie. (Photo Françoise Janicot)
Le mardi, 25 novembre 2014
" Figure emblématique d'une génération d'artistes qui a contribué à la « révolution culturelle » dans les années 1960, Jean-Jacques Lebel (né en 1936, Jean-Jacques Lebel vit et travaille à Paris) s'est toujours attaché à concilier démarches artistiques et philosophie de vie. Exclu du mouvement surréaliste avec Alain Jouffroy en 1960, l'ensemble de son parcours notamment plastique se revendique et se marque néanmoins de la pensée de André Breton, du travail de dadaïstes tel que Max Ernst, et de l'esprit de Marcel Duchamp.
À ce contexte se greffe également un entourage d'ordre plus philosophique au travers de rencontres dans ces mêmes années avec Gilles Deleuze, Félix Guattari... Le chemin de Jean-Jacques Lebel croise alors des personnalités artistiques aux activités hétérogènes mais tous enclin à mettre en avant « l'action poétique comme activateur des contradictions de notre société industrielle ». Des rencontres qui conjuguent ainsi poésie, peinture, théâtre, engagement politique dans une série de happenings ou de performances dont Lebel est le premier organisateur en Europe, reprenant par là-même les idées avancées et mises en place par Allan Kaprow à New York. Le happening se veut alors comme un prolongement de l'Action Painting en dehors de la surface plane du tableau, investissant divers espaces et rejoignant les théories d'Antonin Artaud sur le théâtre. Dans cet esprit et en réaction au climat politique de l'époque, Lebel co-organise avec Alain Jouffroy l'Anti-Procès en 1960, réunissant des artistes aussi différents que Brauner, Matta, Dufour, Rauschenberg, Tinguely, Michaux, Fontana, Erró, Fahlström et Lam... dans un mixage de théâtre total, happening, exposition et permettant à chacun d'eux de jouir de « l'absolu liberté de faire ce qu'il voulait » et de devoir « simplement affirmer avec les autres son opposition à la guerre d'Algérie ».
En 1961, il prend l'initiative du Grand Tableau Antifasciste collectif, sequestré par la Questura de Milan pendant 23 ans. Dans la continuité de l'Anti-Procès, il met en place à partir de 1964 le Festival de la Libre Expression et à partir de 1979 le Festival International de Poésie Directe Polyphonix, mêlant arts plastiques, vidéo, musique, performance, poésie... On retient en 1965 le happening Dechirex de Lebel lors du deuxième Festival de la Libre Expression qui s'est articulé sur le refus de la suprématie de la voiture dans l'espace social : une 4 CV Renault était présente comme « personnage » dans cette manifestation. A la fin du happening, le public s'y est violemment attaqué, la réduisant à presque rien. Le lendemain, l'artiste Ben est entré les yeux bandés dans la foule agitant une hache de pompier. À l'idée de cette violence, Jean-Jacques Lebel répond : « la violence toute relative de nos soirées contenait toujours de l'ironie, mais il est vrai que le sens de l'humour des uns peut violer la sensibilté des autres ».
Si les activités artistiques de Jean-Jacques Lebel sont reconnues depuis les années 1960 à nos jours dans le champ de la performance, il n'en demeure pas moins un artiste plasticien revenu « d'exil » dans le monde de l'art et de l'exposition en 1988. Il s'en était retiré 20 ans plus tôt afin de ne pas devenir un artiste domestiqué. Ecriture, collage, peinture, sculpture, installation, action directe sont associés dans les œuvres de Lebel à la sexualité, à la vie quotidienne, politique et philosophique avec pour fil conducteur de dadaïser la société (Portrait de Nietzsche, 1961 ; Portrait de Rauschenberg, 1961 ; Monument à Félix Guattari, 1995)." (source: Les presses du réel)
Miss.Tic joue la fille de l'Art
Le samedi, 22 novembre 2014
"Je prête à rire mais je donne à penser"
Grande figure du Street Art, Miss.Tic a fait des rues de la capitale sa plus belle galerie. Depuis 1985, elle bombe au pochoir, sur les murs, des billets d’humeur illustrés de portraits de femmes, légendés de phrases pertinentes et impertinentes. Voici enfin réunies, dans un ouvrage,'"Je prête à rire mais je donne à penser") ces phrases à l’humour subtil et corrosif. Aphorismes, sentences, épigrammes, formules, épitaphes, jeux de mots, messages qui nous parlent de notre époque, de l’amour, du temps qui passe. Entre calembours et traits d’esprit, son écriture est jubilatoire, ses figures de mots transgressent les régles élémentaires de notre langage et de nos lieux communs. Ces textes révèlent une expérience artistique libre, singulière et provocante. (Source Editions Grasset)
QR Code : la parole graphique aux artistes
Le jeudi, 20 novembre 2014
Site du Festival La parole est d'Art
Créé par l'entreprise japonaise Denso-Wave en 1994, le QR code permet de stocker un nombre important de données sur une surface réduite en 2D. Aujourd'hui largement démocratisé grâce à la multiplication des smartphones, il fait entièrement partie de notre quotidien. Illustration de ce phénomène lors de la biennale de Venise où le pavillon russe a surpris en proposant une enceinte entièrement vêtue de QR codes. Un projet destiné à exprimer une métaphore architecturale de la connexion entre le virtuel et la réalité.
Dans le même état d'esprit la société AVS communication s'est chargé du recouvrement de la façade du nouveau Teletech Campus. 1000 m2 d’adhésifs noir mat ont été découpés en formes de flash code, permettant via le scan de découvrir 12 contenus inédits.
Le lundi, 17 novembre 2014
"Fred Deud est-il un dessinateur qui écrit, un écrivain qui dessine, un philosophe dans l’atelier ? Né en 1924, l’ancien apprenti-électricien a rencontré un jour la littérature dans une librairie, fait connaissance avec les surréalistes, commence alors, avec de la peinture laque pour bicyclette, à réaliser ses premières « taches » sur papier. Son œuvre fait appel autant au dessin qu’à l’écrit, auteur notamment de quelques grands livres. La Gana (1958) publié sous le pseudonyme de Jean Douassot, Sens inverse (1963), La Perruque (1969) et Nœud coulant (1971) constituent quelques repères sur ce chemin de la création. Il y a aussi des livres uniques (un seul exemplaire ou chaque dessin est accompagné de son texte commentaire.) et des livres d'artistes, textes et dessins de Fred mis en gravure par Cécile Reims-Deux, son épouse.
Dans le silence de son atelier de La Châtre, Fred Deux même une vie consacrée au dessin, à l’écriture, pour mieux se livrer à une introspection nécessaire, loin des modes et des actualités trépidantes du monde de l’art.
Fred Deux est donc dessinateur et écrivain. Mais peut-être est-il avant tout un extraordinaire conteur. La voix, le ton confidentiel, la respiration, le rythme, les silences de Fred Deux participent au climat d’une œuvre discrète voire secrète. On ne peut donc pas s'étonner d'apprendre que l'artiste ait enregistré son autobiographie sonore en 24 cassettes couvrant trente années de vie. Ayant eu le privilège de le rencontrer pour l’entendre parler de son œuvre et surtout de sa vie, j’aurais volontiers imaginé de passer de nombreuses soirées d’hiver, devant le feu d’une cheminée, pour poursuivre ce voyage exceptionnel.
Fred Deux était fait pour la radio et la télévision. Peut-être serait-il insatisfait d'un tel commentaire, lui qui, jour après jour, dans la solitude de son atelier de province, garde le silence."
Chroniques du chapeau noir
Le samedi, 15 novembre 2014
"Être", sur le parvis de l 'ESAM de Caen 2008
(photo : Blog ESAM)
A l’occasion du Mois de l’architecture contemporaine en Normandie, L'école supérieure d'arts et médias de Caen invite le graphiste Malte Martin à imaginer un dispositif d'écriture monumentale qui liera, dans une trilogie, le coeur historique, une place reconstruit après guerre et l'école sur la presqu'ile qui préfigure l'aménagement urbanistique à venir pour la ville.
Malte Martin, designer graphique / plasticien
Né à berlin, le 27 mai 1958
Graphiste et plasticien, il anime un atelier graphique qui explore tous les domaines de la création contemporaine : théâtre, danse, musique, cinéma. Ses influences sont multiples. Il débute son parcours par une formation dans la lignée du «Bauhaus», avant d’intégrer les Beaux-Arts de Paris et entrer dans l’atelier Grapus.
Aujourd’hui, il poursuit son voyage dans le monde visuel avec son atelier graphique et Agrafmobile, théâtre visuel itinérant pour investir l'espace urbain et les territoires du quotidien. Un espace d'expérimentation entre création visuelle et sonore, entre gestes et signes.L’Atelier graphique Malte Martin est un atelier de création visuelle.
Marina Abramovic : le silence est une parole comme le autres
Le lundi, 10 novembre 2014
Durant deux mois et demi, l'artiste serbe s'est installée au MoMA à New York pour des face à face silencieux avec les visiteurs. Les participants font état d'une expérience rare dont beaucoup sont sortis en pleurs.
Du 14 mars au 31 mai, Marina Abramovic a passé 700 heures assise sur une chaise au sixième étage du MoMA à New York. L’artiste contemporaine, à qui le musée américain a consacré une importante rétrospective, y a réalisé une performance, The Artist Is Present. Le dispositif est simple : chaque jour, à l’ouverture du musée le matin, Marina Abramovic s’assoit, vêtue d’une longue robe unie, et les visiteurs viennent, un par un, s’installer en face d’elle. Ils se fixent pendant quelque temps, sans échanger aucune parole, jusqu’à ce que le visiteur se lève et laisse la place à un autre. Certains restent deux minutes, d’autres quelques heures. Beaucoup explosent en sanglots. Marina Abramovic joue son rôle de Pythie de Delphes contemporaine et muette. Habituellement, les cartons d’invitation de vernissages sont accompagnés de la mention : « L’artiste sera présent. » Le plasticien présente ses œuvres le temps d’une soirée et s’en va le lendemain, laissant la galerie ou le musée vide. Marina Abramovic, elle, est restée.Un corps à deux têtes. Souvent qualifiée de « grand-mère du performance art », elle est née en 1946 à Belgrade, dans la Yougoslavie rigide de Tito. Elle étudie les Beaux-Arts et, dès 1973, commence à réaliser des actions où elle pousse les limites de son corps. Elle signe une série d’œuvres, Rythm, dans laquelle elle absorbe des psychotropes, se taillade, se brûle et invite les spectateurs à la malmener –, elle affirmera par la suite que « si on laisse le pouvoir au public, on peut être tué ». En 1976, elle rencontre l’artiste allemand Ulay. Les deux travaillent et vivent ensemble. Pendant vingt ans, ils se définissent comme un « corps à deux têtes ». Ils réalisent des scènes où ils se dénudent et s’installent dans l’entrebâillement de la porte d’une galerie, s’entremêlent les cheveux et se collent les lèvres pour respirer le même air, jusqu’à la suffocation. En 1988, ils se séparent et entament une longue marche sur la Muraille de Chine, chacun démarrant aux extrémités opposées et rejoignant l’autre au milieu pour célébrer la rupture de leur relation tumultueuse. Par la suite, Marina Abramovic continuera une carrière seule, participera à la Documenta à Cassel et remportera le Lion d’or à la Biennale de Venise en 1997. Ses créations, avec Ulay ou en solo, ont été recréées à l’occasion de la rétrospective du MoMA.Marina Abramovic fait toujours sensation sans rentrer dans le sensationnalisme. The Artist Is Present, rediffusée sur Internet, a créé une effervescence à New York, où des centaines d’anonymes ont fait la queue devant le MoMA. Le photographe italien Marco Anelli a réalisé des portraits des visiteurs, toujours très émus. La blogosphère s’est entichée de l’événement, un blog ayant même été ouvert intitulé Marina Abramovic Made Me Cry, (Marina Abramovic m’a fait pleurer) (1). Les témoignages évoquent la force du regard de l’artiste, la conversation silencieuse qui s’installe, la douleur ou la joie qui ressortent pendant la performance. Des curiosités ont aussi eu lieu. Une artiste, Anya Liftig, s’est habillée exactement comme Marina Abramovic et les deux ont passé une journée en face à face. Un autre, Amir Baradaran, l’a fait rire en recouvrant son visage de slogans. Une femme est venue à plusieurs reprises, chaque fois habillée de manière différente, dont une fois avec un voile intégral. Paco Blancas, un maquilleur installé à New York, est venu plus de quatorze fois. à l’image d’un « Où est Charlie ? » contemporain, on retrouve son visage à plusieurs reprises sur Internet. « S’asseoir en face d’elle est une expérience qui transforme, a-t-il déclaré, c’est lumineux (…) elle presse le bouton qui fait sortir toutes les émotions. » Le plasticien chinois Tehching Hsieh, qualifié par Marina Abramovic elle-même de « maître » et devenu célèbre après avoir passé un an dans une cage en bois, s’est aussi installé face à l’artiste. L’événement a eu son lot de stars, une frange de l’intelligentsia s’étant passionnée pour la création.Deux minutes ou une journée. Le musicien Lou Reed, le comédien sex-symbol arty James Franco, les actrices Sharon Stone, Isabella Rosselini ou Isabelle Huppert sont venus s’asseoir devant Marina Abramovic. Ces VIPs n’ont pas fait les cinq ou six heures de queue pour arriver à la chaise de l’artiste. Les anonymes raillent ce privilège. Pour eux, l’attente fait partie de l’expérience, l’émotion vient aussi avec la patience. La durée de passage de chaque personne devant l’artiste n’est pas fixe ; ils restent en moyenne environ un quart d’heure mais certains n’ont tenu que deux minutes tandis que d’autres six ou sept heures. Impossible de prévoir combien de temps va durer l’attente. Ceux qui sont venus à plusieurs reprises évoquent les liens qui se créent entre les participants. Un habitant de Brooklyn, venu une dizaine de fois, a attendu plusieurs heures et, au moment d’aller s’asseoir, a laissé sa place au suivant, affirmant qu’il reviendrait à la fin. Au départ, Marina Abramovic n’avait pas imaginé que cette attente allait faire partie de la performance. Au fur et à mesure, The artist Is Present a dépassé le cadre des deux chaises et s’est étendue au musée en entier. De même, une table la séparait initialement des visiteurs. Au bout d’un mois, elle a jugé que la table représentait un rempart qui freinait le rapport au public et a décidé de la retirer de l’installation. C’est toute la force de Marina Abramovic : être une artiste contemporaine mondialement célèbre et se remettre toujours en question. Elle ose chambouler son travail en pleine action, imaginer des alternatives, assurer une continuité. L’artiste serbe travaille avec le galeriste français Serge Le Borgne sur un projet d’institut, la Marina Abramovic Foundation for the Preservation of Performative Art à Hudson, dont l’ouverture est prévue pour 2012. Dans une ancienne salle de cinéma, elle ne présentera pas son travail mais celui de jeunes performeurs.Marina en larmes. En deux mois et demi, Marina Abramovic aura scruté le visage de plus d’un millier de personnes. Des New-Yorkais, anonymes, artistes ou célébrités ont été émus par son regard fixe et impassible. Sa sérénité n’aura connu qu’une exception. Le soir du vernissage, son ancien compagnon et collaborateur, Ulay, est venu s’asseoir face à elle. La foule s’est tue et Marina Abramovic s’est mise à pleurer. Après quelques minutes, elle a avancé les bras vers lui et lui a serré les mains pendant quelques instants, brisant pour un court instant les règles de sa propre performance.
( Source Libération.fr Clément GHYS)
Pierre Tilman se lit, s’entend, se voit
Le jeudi, 06 novembre 2014
Le festival POÉSIE MARSEILLE 2014
11ème EDITION
le 6, 7, 8 et 9 Novembre
Parmi les atistes invités : Pierre Tilman
"Il est né en 1944 à Salernes, dans le Var.
Après une quarantaine d’années passées à Paris, il vit aujourd’hui à Sète.
Il est poète, il a publié : « Espèces de listes » aux éditions Galilée en 2012, quatre recueils chez Gros Textes en 2011 et 2013, dont les deux derniers s’intitulent « En même temps » et « C’est l’histoire d’un type ».
Il a écrit la biographie de Robert Filliou, «Robert Filliou, nationalité poète», éditée aux Presses du réel en 2006.
On peut lire sa poésie sous forme de livres mais on peut aussi l’entendre en live.
Lectures publiques sur scène, souvent en compagnie de musiciens (Maguelone Vidal, Chopin Parasol, Eric Barret, Pascal Contet, Jean-Louis Capozzo, Benoît Chevillon).
On peut également voir ses œuvres exposées dans l’espace des galeries, des musées et des centres d’art. Il est artiste :
Une exposition rétrospective intitulée « Tu vois ce que je veux dire » à la Villa Tamaris, centre d’art, la Seyne-sur-Mer, réunissait un grand nombre de ses œuvres plastiques (2012, 2013).
Il expose régulièrement à Paris, galerie Métropolis.
On peut le qualifier de performeur, de poète visuel.
Il est un homme des rues et des bars, un mammifère, un animal cultivé, avec en lui quelque chose de végétal et de minéral. Cela signifie qu’il a un rapport au silence, qu’il est un poète de la vie, qui peut passer beaucoup de temps pour penser aux choses simples.
- Il y a de la sensualité dans ce que tu fais ?
- Ho la la, bien sûr que oui ! Je suis un mammifère, d’abord et avant tout, depuis tant de millénaires. L’intelligence qui ne permet pas de s’éclater et de prendre son pied, je n’en veux pas, même en solde, pas même en promotion, je te la laisse, cadeau !
- Ta poésie et ton travail plastique sont directement reliés à la vie, au vécu.
- Oui, c’est vrai, à l’expérience et à la réalité. Mais ça ne s’arrête pas là. La vie n’est pas seulement vécue, elle renvoie directement à l’esprit, aux mécanismes de la pensée et à leur fonctionnement.
- C’est donc aussi très mental.
- Je te disais que je suis un mammifère mais j’ai l’honneur de faire partie de l’espèce qui a proportionnellement le cerveau le plus développé. Comme disait Picabia, mon crâne est rond pour que mes idées puissent tourner dedans. Je pense, donc j’en profite. Je gamberge, je lis, je parle, je me désespère et je rigole tout seul dans ma tête. C’est mental, c’est réfléchi, c’est cultivé... Sensible, poétique, instinctif... Et lucide. Forcément, tout va ensemble Je ne sais pas pourquoi on passe son temps à faire des divisions dans ce qui va ensemble. À quoi ça sert ? À régner, à juger ? À se vouloir efficace, comme une machine qui ne sait faire que les mêmes boulots ?
- Tu es poète. Tu es artiste, mais tu n’es cependant ni peintre, ni dessinateur, ni sculpteur.
- Je suis chez moi dans les arts plastiques. C’est mon pays, ma famille, ma maison, même si je ne suis, comme tu le fais justement remarquer, ni peintre, ni dessinateur, ni sculpteur.
- Tu restes toujours dans le langage.
- Les mots sont toujours là, sous mes yeux, dans mes mains, dans mon corps, je joue avec eux, je travaille avec eux. Je suis poète, je suis un homme de paroles, mais, en ce qui me concerne, la poésie est également faite de solitude et de silence. Elle est donc liée au fait de se taire et de laisser tomber l’inutilité lassante des explications et des commentaires.
- Es-tu en train de me dire que tu commences à en avoir marre de parler de ce que tu fais ?
- Je préfère le faire."
(source: Festival Poésie Marseille 2014)