Ardouvin

Pierre Ardouvin : le souvenir et la transmission

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  • Le vendredi, 03 octobre 2014

Tu ne dis jamais rien

Ardouvin rouen

Pierre Ardouvin: exposition "Tu ne dis jamais rien"  Grandes Galeries de l’Ecole supérieure d’art et design, Rouen 2014

"Sur fond de chansons populaires et de costumes seventies, le travail de Pierre Ardouvin procure d’emblée un sentiment imprécis de familiarité et de mal-être. Partagé entre le dessin et l’installation, il agit comme un théâtre de la citation, de situations et d’objets intuitivement reconnaissables, qui convoque les souvenirs personnels autant que la mémoire collective. Dans une grammaire de cinéma et un vocabulaire du cliché, de la vignette ou du cartoon, il se développe en constructions douces-amères, fonctionnant comme des images, laissant en suspens des narrations à peine amorcées, suscitant simultanément plaisir et inconfort. Pierre Ardouvin fait flotter dans son œuvre la nostalgie d’une maison de famille abandonnée, le souvenir désuet d’un décor de films français des années 1950, la sensation de fatigue et de lourdeur du petit matin après la fête… autant d’affects réactivés dans un mélange d’humour, de kitsch et d’ironie.

Pierre Ardouvin est un enfant des années 1960 et 1970. Son œuvre perpétue le souvenir des mutations sociales et politiques de cette époque-là, du conflit des générations, de la fin des Trente Glorieuses. Elle porte la vision désenchantée d’un monde revenu de ses utopies et se fait mélancoliquement l’écho d’une société en mutation, de cultures en voie de disparition. À l’analyse et au concept, il oppose le sensible et l’expérience. À la prospective, il préfère l’empirisme. À l’objectivité froide de l’histoire, et à l’impossibilité d’une histoire de sa propre vie, il réagit par le souvenir et la transmission. Ses œuvres sont des tableaux vivants d’archétypes de la culture collective. Elles associent la mémoire singulière du vécu individuel et des représentations partagées du passé, perçues comme des effets d’identité. Jouant sur l’empathie, elles ont une force de rassemblement collectif, elles sont des fables intimes de la modernité."

Olivier Grasser   (source ADIAF)

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