Blog "La parole du Festival"

La méridienne de Jan Dibbets

Le mardi, 19 janvier 2016

La méridienne de Jan Dibbets

« De 1893 à 1942 une statue en bronze de François Arago dominait la petite place de l'île de Sein, où le méridien de Paris coupe le boulevard Arago. Comme tant d'autres à Paris, cette statue fut fondue pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n'en reste que le socle. Pour honorer la mémoire de François Arago, l'artiste néerlandais Jan Dibbets a conçu selon ses propres termes un "monument Imaginaire réalisé sur le tracé d'une ligne imaginaire, le méridien de Paris". »

Dibbets copie

Médaillon quai Conti Paris

Jusqu'en 1884, c'est le méridien de Paris qui fut, pour tous les marins français, le méridien origine, comme il le fut pour les géographes et les voyageurs. La « méridienne » de France passe par le centre de l'Observatoire de Paris et traverse la France du nord au sud, de Dunkerque à Perpignan.


Le moins monumental des monuments

Ce sont donc cent trente cinq médaillons en bronze de douze centimètres de diamètre, fixés au sol le long du méridien de Paris, entre le périphérique nord et le périphérique sud, traversant certains sites significatifs tels que le jardin du Luxembourg, le Louvre, le Palais RoyaÎ ou les abords de la place Pigalle qui servent de repère à cette ligne invisible, néanmoins repérable au sol par ces médaillons marqués du nom d'Arago ainsi que d'un N indiquant le nord et d'un S indiquant le sud orientés dans l'axe du méridien.
Ce "monument" en hommage à Arago  est assurément le moins monumental des monuments et donne à cette marque virtuelle qu'est un méridien une existence matérielle vérifiable dans un parcours complexe pour accéder à chaque médaillon à travers Paris. C'est au visiteur opiniâtre qu'il revient de se livrer à cet exercice de recherche à travers la capitale, pour reconstituer cette oeuvre en pointillés. N'ayant pas, à ce jour, effectué ce parcours du combattant amateur d'art, je n'ai pas pu vérifier l'information selon laquelle certains médaillons auraient disparu. Certaines photos montrent, en revanche, la dégradation dont souffrent parfois ces oeuvres.

Un de ces médaillons se trouve à proximité d'un autre monument : l'Institut et sa coupole, lieu honorifique par excellence. Les hommes en habits verts auraient ils foulé au pied par inadvertance l'hommage à Arago ? Le destin particulier de cette oeuvre étonnante est d'être agressée souvent par des pieds anonymes, indifférents, négligents. La notion de conservation dans l'art contemporaine connaît plus d'une anecdote, parfois saugrenue ou douloureuse.

Dibbets arago medaillon
La méridienne de Jan Dibbets, à la fois virtuelle et matérielle, doit causer quelques migraines au conservateur éventuel de cette oeuvre rare. Pour rivaliser avec le gigantisme de certains hommages monumentaux, Jan Dibbets oppose une oeuvre légère dont la virtualité rejoint celle de la convention humaine de la méridienne. 

 

                                                                                                                                                                                                                                                     Claude Guibert

Le blog de la semaine : Marie de Paris-yafil

Le jeudi, 14 janvier 2016

Nouvelle rubrique du blog du festival: chaque semaine, découverte d'un blog sur l'art. Les blogs occupent désormais une place éminente dans l'espace de  la parole sur l'art.

 

Cette semaine le blog de Marie deparis-yafil 

 

http://mariedeparis-yafil.over-blog.com/

 

 

Blog deparis

 

Blog créé en 2009 par marie deparis, critique d'art et commissaire d'exposition.

 

Jacques Villeglé : de A à Z

Le lundi, 11 janvier 2016

Alphabet villegle

Jacques Villeglé

Qu'est-ce que l'alphabet socio-politique ? Jacques Villeglé, saisi par un graffiti dans le métro, l'a développé dès 1969 : « Nixon rendait visite à Charles de Gaulle. Il y avait des « Nixon atome » écrits partout sur les murs de Paris. Dans le métro, je vois un Nixon, avec le N formé des trois flèches socialistes berlinoises de 1930, le I, c'était la croix de Lorraine, le X la croix gammée, le O un cercle méditerranéen avec la croix celtique à l'intérieur et à nouveau pour le N, les trois flèches. Je me suis dit, c'est formidable, parce que ça montre l'animal politique ».

Cet alphabet n'a intéressé le monde de l'art qu'à partir des années 2000. Avant cette date, l'artiste déclare avoir dû quémander auprès de ses commanditaires pour placer quelques uns de ces signes dans ses affiches ou fresques : le temps peut-être que les coutures de l'Histoire au XXe siècle soient moins apparentes, coutures dont ces sigles forment les fils colorés, dont ils révèlent soit une tragédie, soit un système idéologique. Le but de Villeglé est de collecter ces signes pour faire trace : « je suis un témoin de notre époque». C'est ce qui a séduit Christian Olivier : « j'aime ce graphisme dans l'écriture de Jacques. C'est quelqu'un d'engagé dans l'art, mais aussi au niveau de la société et politiquement. Toutes ses images ont une application sociale et politique, ça me parle beaucoup ».

Désormais, c'est à cet alphabet que Jacques Villeglé se consacre, car il s'agit d'une écriture en continuelle modification. Il révèle à nos yeux les haines actives, pose côte à côte le @ et le croissant marxiste, réinvente un rébus du XVIIe siècle sur la religion, ou joue avec les figures mythologiques hybrides de la sirène et du centaure. Il ne s'agit pas d'approuver l'un ou l'autre de ces signes, mais bien de révéler nos vies humaines, et souvent nos propagandes. Villeglé parle de « guérilla des signes » à leur sujet : ils se font la guerre entre eux, ils nous font la guerre à nous qui oublions trop vite, et les O explosent comme des bombes. Si cet alphabet dérange le réel, c'est pour en désamorcer les sigles, nous alerter aussi, et renforcer le pouvoir graphique de l'écriture qui en devient énigmatique. C'est une mise à plat de toutes nos croyances, pour ne pas « effacer ce qui a été important dans notre vie », nous dit Villeglé. Sur ses choix esthétiques, il ajoute : « il ne faut pas banaliser et il ne faut pas provoquer. Je comprends que les gens soient quelques fois choqués, mais il faut raconter notre Histoire sans gommer ce qui ne nous plaît pas ». (source BBC news)

Villegle

Jacques Villeglé

Jack Pierson : le poids des mots

Le lundi, 11 janvier 2016

 

 

PiersonJack Pierson
 

Né à Plymouth dans le Massachusetts en 1960, Jack Pierson est un photographe et artiste américain. Il étudia au Massachusetts College of Art de Boston. Son travail se compose à la fois de photographies mais aussi de collages, installations, dessins ou encore de livres d'artiste. Sa série Self Portrait fut exposée lors de la biennale du Whitney Museum of American Art en 2004 mais on peut aussi trouver ses œuvres dans plusieurs grands musées internationaux. Jack Pierson partage son temps entre New York et son studio situé dans le désert sud-californien, près du parc national de Joshua Tree. Plusieurs célébrités sont déjà passées devant son objectif telles que Michael Bergin, Naomi Campbell, Snoop Dogg, Brad Pitt ou encore Antonio Sabato Jr..

 

Pierson dreams

Pilobolus, le corps de la Lettre

Le mardi, 29 décembre 2015

Pilobolus

 

Collectif dont le nom évoque un champignon (pilobolus), la compagnie est créée par quatre danseurs du Dartmouth College influencés par le travail d'Alwin Nikolais. La compagnie met en avant les qualités athlétiques de la danse, sur l'illusion et sur la malléabilité des corps.La compagnie reçoit en 2000 un American Dance Festival Award pour l'ensemble de ses productions, une première pour une troupe de danse Elle donne de nombreux spectacles, aussi bien aux U.S.A. que lors de tournées internationales, et s'est produite en mars 2012 à Paris aux Folies Bergère, dans le spectacle de danses d'ombres Shadowland.

 

Pilobolus2

Société réaliste : l'art au pied de la lettre

Le mardi, 01 décembre 2015

Societe realiste2

Vue de la première exposition de Société Réaliste, «IGM = 1 : MDCCLXXIX» à la Karton Galéria, Budapest, 2005
Organisée pour la Karton Galéria de Budapest avec Thomas Baldner, cette exposition rend hommage à Restif de la Bretonne et sa pratique du journal intime graffité sur les mûrs de l’Ile Saint-Louis entre 1779 et 1789. L’inscription  centrale, «Grammae», était composée de 40 graffitis et calligrammes inscrits en 11 langues différentes.
 

Société Réaliste est une coopérative artistique fondée par Ferenc Grof (1972) et Jean-Baptiste Naudy (1982 développant plusieurs recherches parallèles sur les modèles de marketing et l’économie de l’art, les institutions européennes et leur politique d’immigration, la politique de l’espace, les institutions et l’histoire de l’art.
Le travail de Société Réaliste s'articule autour de l'appropriation et du détournement d'outils de communications des figures de pouvoir (cartes, emblèmes, enseignes, architectures...). Par des systèmes de confrontations symboliques, leur travail affirme un regard critique sans jamais afficher une critique frontalement dénonciatrice.
En opérant de subtils rapprochements, des extrapolations, des interprétations statistiques ou des surimpressions, leurs œuvres donnent à voir des évolutions historiques, des «tendances» et produisent un ensemble d'outils de lisibilité du monde contemporain.
Ils sont notamment les auteurs de Transitioners (bureau de tendances, spécialisé dans les transitions politiques), Cabinet Société Réaliste Conseil (agence internationale de conseil législatif dont la mission est d’aider les parlements à créer et maintenir des législations compétitives), Ministère de l’architecture (administration et unité de production vouée à travailler à différents aspects de la politique de l’espace), Artist Pension Trust (programme d’investissement procurant aux artistes des opportunités de placement financier à long terme par la contribution collective de leurs œuvres).


Societe realiste

Palais de Tokyo Paris :" I ♥ John Giorno"

Le lundi, 23 novembre 2015

Giorno2

John Giorno (né en 1936) est une figure majeure de l’underground new yorkais des années 1960 et de la Beat Generation, où il a nourri sa poésie de la méthode du cut up et a composé ses premiers poèmes sonores. Afin de rendre la poésie accessible à tous, il a fondé dès 1965 « Giorno Poetry Systems », label qui a édité une quarantaine d’albums, et « Dial-a-poem » en 1968, un service poétique par téléphone proposant des poèmes audio.

Reconnu comme l’un des poètes les plus influents de sa génération, John Giorno n’a cessé de faire déborder son œuvre du livre. Dans les nouveaux espaces du Palais de Tokyo, il intervient sur la surface des murs avec un nouveau chapitre de ses Poem Paintings, réalisés à partir de courts extraits de ses textes. Ces phrases elliptiques sont projetées en grandes lettres sur la surface d’une toile ou d’un mur pour réaffirmer, par un jeu de couleurs et de formes, toute leur force d’expression.

Le poème, déplacé hors de la page, est confronté à de nouveaux contextes. Cette poésie visuelle, qui fait résonner l’acidité du verbe à des couleurs stridentes, devient à son tour espace pictural. L’écriture se fait alors dessin et le mot, image.

(source : Palais de Tokyo)

 
 
Giorno
 
Palais de Tokyo Paris
 
28/09/2012 - Fin indeterminée
 

 

Grim Team : " Fluctuat nec mergitur "

Le mercredi, 18 novembre 2015

 

Grim team

Quai Valmy Paris 16 Novembre 2015

 

" Après la place de la République, le quai de Valmy. Les grapheurs parisiens du collectif Grim Team ont réalisé une nouvelle fresque géante ce lundi soir sur laquelle on peut lire en lettres blanches sur fond noir la devise latine de Paris : Fluctuat nec mergitur (Battu pas les flots mais ne coule pas).
A l’aide d’une nacelle, ils ont entièrement recouvert le mur pignon qui fait face au café Prune, le long du canal Saint-Martin (Xe). «On n’a trouvé que ces mots collaient parfaitement l’actualité», explique Chaze, membre du collectif, surpris de voir que la première fresque, peinte samedi place de la République, est devenue un point de recueillement ou des anonymes affluent pour déposer bougies et petits mots. De nombreux Internautes se sont également réappropriés la célèbre devise."

Source : La Parisien 16 Novembre  2015

 

Paris

Place de la République Paris 16 novembre 2015