Blog "La parole du Festival"

Pierre Tilman, au pied de la lettre

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  • Le mardi, 07 octobre 2014

Il suffit d'un coup de D


A l’image de son oeuvre, Pierre Tilman est un artiste discret. Quand d’autres traversent l’espace en soulevant la tempête, lui chemine discrètement le long du sentier de la création. Loin de la grande route d’une carrière à construire, Pierre Tilman emprunte un chemin buissonnier sur lequel il va trouver la matière de son œuvre. De l’enfance il a conservé le goût du jeu, des petits soldats de plomb, des lettres de couleur.
Je l’avais croisé une première fois au tout début des années soixante dix et remarqué à l'époque sa timidité.  Vingt cinq ans plus tard, je l’ai retrouvé toujours sur la réserve et la retenue, mais l’œil vif et l’esprit en alerte permanente.
Ecrivain, poète, il est amoureux des mots. Plasticien, il a pris les mots au pied de la lettre et créé un univers où ces mots sont devenus des choses dont il est le grand ordonnateur.
Chez Pierre Tilman, le mot vert est vert et le mot rouge est rouge. Et quand le mot «Doute» éclairé porte son ombre au sol, il y a bien l’ombre d’un doute.

                                                                                                                                                                                                 Claude Guibert

Pierre Ardouvin : le souvenir et la transmission

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  • Le vendredi, 03 octobre 2014

Tu ne dis jamais rien

Ardouvin rouen

Pierre Ardouvin: exposition "Tu ne dis jamais rien"  Grandes Galeries de l’Ecole supérieure d’art et design, Rouen 2014

"Sur fond de chansons populaires et de costumes seventies, le travail de Pierre Ardouvin procure d’emblée un sentiment imprécis de familiarité et de mal-être. Partagé entre le dessin et l’installation, il agit comme un théâtre de la citation, de situations et d’objets intuitivement reconnaissables, qui convoque les souvenirs personnels autant que la mémoire collective. Dans une grammaire de cinéma et un vocabulaire du cliché, de la vignette ou du cartoon, il se développe en constructions douces-amères, fonctionnant comme des images, laissant en suspens des narrations à peine amorcées, suscitant simultanément plaisir et inconfort. Pierre Ardouvin fait flotter dans son œuvre la nostalgie d’une maison de famille abandonnée, le souvenir désuet d’un décor de films français des années 1950, la sensation de fatigue et de lourdeur du petit matin après la fête… autant d’affects réactivés dans un mélange d’humour, de kitsch et d’ironie.

Pierre Ardouvin est un enfant des années 1960 et 1970. Son œuvre perpétue le souvenir des mutations sociales et politiques de cette époque-là, du conflit des générations, de la fin des Trente Glorieuses. Elle porte la vision désenchantée d’un monde revenu de ses utopies et se fait mélancoliquement l’écho d’une société en mutation, de cultures en voie de disparition. À l’analyse et au concept, il oppose le sensible et l’expérience. À la prospective, il préfère l’empirisme. À l’objectivité froide de l’histoire, et à l’impossibilité d’une histoire de sa propre vie, il réagit par le souvenir et la transmission. Ses œuvres sont des tableaux vivants d’archétypes de la culture collective. Elles associent la mémoire singulière du vécu individuel et des représentations partagées du passé, perçues comme des effets d’identité. Jouant sur l’empathie, elles ont une force de rassemblement collectif, elles sont des fables intimes de la modernité."

Olivier Grasser   (source ADIAF)

Ben Vautier : la parole doute.

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  • Le mardi, 30 septembre 2014

Chercheurs d'art

Les mots et la parole dans l'oeuvre de Ben Vautier ne sont plus à découvrir, ils sont partie prenante d'une démarche développée depuis plus de cinquante ans. En 1975, lors du tournage du film "Chercheurs d'art" chez Ben sur les hauteurs de Nice, l'artiste se livrait à l'autocritique de cette parole délivrée tout au long  de ces années.

Tournage chercheurs d art ben3

Film "Chercheurs d'art" 1975 réalisation Claude Guibert

La Fondation du doute

Aujourd'hui, ce doute s"institutionnaliste avec la création à Blois de la Fondation du doute :

" Sur près de 1 500 m2, 50 artistes, 300 œuvres sont rassemblées par Ben, Gino Di Maggio, avec la collaboration de la Fondation Mudima de Milan, de Caterina Gualco et de nombreux artistes. Ce nouveau site est à la fois un lieu vivant, un réservoir d’idées avec le Centre Mondial du Questionnement, un espace d’expression, d’interrogation sur l’art, ses limites ou ses frontières.

La Fondation du doute est un lieu singulier. Ben Vautier l’imagine empli de la liberté des lieux en mouvement, animé de ce flux qu’il porte avec lui depuis cinquante ans. La Fondation du doute est ouverte à toutes les formes, à tous les possibles pourvu qu’ils nous surprennent, qu’ils nous amusent, qu’ils nous persuadent que l’art, comme le dit si justement Robert Filliou, « est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ». La vocation de la Fondation du doute est d’accueillir artistes, théoriciens, chercheurs, de créer une résidence vivante où les publics se rencontrent.

Comme pour Fluxus dont l’esprit occupera, par les œuvres présentées, les espaces physiques - œuvres et documents - la Fondation du doute doit promouvoir la « concomitance », l’importance de la non-importance, les détails de la vie, le tout possible, l’idée, l’humour, l’« event », la théorie, le manifeste, l’action, et, comme l’imagine Ben, un Art Total. La mécanique du doute pèse le pour et le contre, capte toutes les voix, enregistre et transmet, mélange et malaxe, mesure les limites de l’art, s’interroge et interroge les frontières.

 La Fondation du doute est un lieu d’apprentissage ; implantée au sein d’un pôle d’enseignement artistique (Ecole d'art et Conservatoire de musique et théâtre à Rayonnement Départemental - Agglopolys), elle ouvre de nouvelles perspectives de recherches, une pédagogie de l’écoute, de l’échange, de l’action. John Cage disait qu’« il n’est pas nécessaire que tous les sons soient organisés par un auteur ou par une intention, il suffit simplement que quelqu’un les écoute ». Pour comprendre, apprenons à tout écouter.".

Pierre Fraenkel : la parole fait le mur

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  • Le jeudi, 25 septembre 2014

Que serais-je sans toit ?

Son mode opératoire est simple : il prend son pot de peinture et de colle sous le bras, dégote un panneau d'affichage libre, et passe à l'acte devant le regard surpris des passants et parfois même de la police. Pourtant, cette pratique est totalement légale : « Tout le monde peut utiliser ces panneaux si c'est à but non lucratif. Mais personne ne le fait sauf les associations. Moi, mon rôle, c'est de dire que si un jour les gens ont quelque chose à dire, ils peuvent le faire avec ce support. »
Lui ne s'en priva pas, collant à tout va. Jusqu'à 250 affichages dans toute la France. Car il faut coller beaucoup pour être vu, dans la mesure où une œuvre peut être recouverte 10 minutes après la pose. « C'est le revers de la médaille mais ça en vaut le coup », confie l'artiste. Il aime bien rester et voir la réaction des passants, et découvrir le sens qu'elle prend sous d'autres yeux, des sens auxquels il n'avait même pas pensé.
Frankael
Mais comment un artiste sortant des Beaux-Arts en vient à investir la rue ? Il y a bien sûr la difficulté à se faire une place dans le monde de l'art, mais aussi un déclic venu d'un négatif trouvé par terre il y a cinq ans, représentant deux gamins dans les années 30. « Je suis curieux et sentimental, alors je l'ai développé en grand format et affiché de façon sauvage. J'ai ensuite acheté beaucoup de photos sur les marchés aux puces. Pour moi, elles ont un caractère vivant, c'est un moment qui a existé et que j'aime faire revivre », nous dit-il en nous montrant une photo d'un inconnu dans son portefeuille, côtoyant celle de son neveu.
Un impact visuel
Après les images, est venu le temps des mots, « un langage plus rapide et plus lisible». Mais il y avait un hic, un problème d'orthographe : « Plutôt que de me galérer à faire des fautes, j'ai commencé à écrire des mots phonétiquement. Je me suis rendu compte que je faisais de la poésie, que cela avait plus de force visuellement», déclare celui qui ne ne s'embarrasse plus à conjuguer le verbe faire mais écrit vite «fée », bien «fée ».
Extait de Pierre Fraenkel s'affiche   (www.jds.fr)

Untel : une page blanche dans la ville.

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  • Le mardi, 23 septembre 2014

350 mètres d’images en continu pour les Rencontres de la photographie d’Arles, en juillet 1976

Untel arles 76

Dans cet univers que le sociologue américain David Riesman appelait «La foule solitaire», c’est un groupe formé d’individus innommables qui s’en prend aux médias, au marché, au tourisme, à la publicité pour mieux toucher du doigt les maladies de la vie sociale urbaine. Le groupe Untel fut un collectif d'artistes créé en 1975 à Paris par Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal et Alain Snyers. Ces copains étudiants d’écoles d’art ont eu pour objectif pendant cinq ans d’aborder « La vie quotidienne en milieu urbain ». Déjà le nom du groupe annonce cette volonté de situer cette action dans un anonymat peut-être destiné à fondre leur regard dans un environnement où chacun ignore l’autre, où l’invisibilité des individus contribue à l’abandon d’un regard critique.
Avec leur action lors des Rencontres photographiques d'Arles en 1976, ces artistes anonymes donnent la parole au public dans les rues de la ville en mettant à leur disposition cette longue page blanche.

Fred Forest : le blanc envahit la ville

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  • Le jeudi, 18 septembre 2014

Fred Forest : XIIe BIENNALE DE SÃO PAULO octobre 1973 GRAND PRIX DE LA COMMUNICATION DE LA XIIe BIENNALE POUR UNE SÉRIE D'ACTIONS ET D'INSTALLATIONS

Implantation dans l'espace de la Biennale d'une douzaine de lignes téléphoniques. Les téléphones sont mis en scène sur des socles blancs, disposés frontalement, face au public. Le public prend connaissance des appels amplifiés sur place. Ces appels continus émanent de tout le territoire brésilien. Ils sont très nombreux. L'invitation à la participation par le réseau téléphonique est répétée tous les jours par les grands journaux quotidiens ainsi que par les radios et la télévision "O Globo". Les personnes qui appellent disposent de deux minutes pleines pour passer leur message, diffusé par des haut-parleurs, avant d'être coupés par un dispositif technique.

- Série d'interventions de presse incitant le public à rédiger des messages qui sont affichés sur les cimaises de la Biennale, dès leur réception postale.

- Série d'émissions, T.V. et radio, réalisées avec la critique d'art Aracy Amaral, proposant plusieurs actions interactives en direct.

L'une d'elles mobilisera plus de 300 taxis dans une course poursuite à travers les rues de la ville...

- Installation fixe réalisant "l'autopsie et l'analyse électro-sociologique de la rue Augusta" en temps réel, 60 moniteurs de télévision installés Galerie Portal, tandis qu'une caméra couvre en continu la rue sur toute sa longueur, action dénommée "petit musée de la consommation".

- Série d'actions urbaines effectuées dans différents lieux publics : supermarchés, stades, places publiques, écoles de samba… La dernière de ces actions, "le blanc envahit la ville", consiste à faire déplacer dans le centre de São Paulo, brandissant des pancartes blanches à bout de bras, une quinzaine de personnes. Cette action réunit plusieurs milliers de curieux, bloquant la circulation deux heures durant, se soldant finalement par l'arrestation de Forest. Interrogé pendant dix heures au siège du D.O.Forest sao polo

Toutes ces actions de Fred Forest doivent, pour prendre sens, être replacées dans le contexte politique de l'époque. Le pays est dirigé par des militaires qui imposent depuis plusieurs années un régime de répression. Tout au long de son séjour l'artiste bénéficie de la complicité active des journalistes d'opposition. Le " prétexte " de l'art lui donnera une liberté critique qui fera de lui l'artiste " contestataire " de la Biennale, et en fera sa figure emblématique.  

Source : http://webnetmuseum.org/html/fr/expo-retr-fredforest/actions/08_fr.htm#text

Exposition "Pierre Tilman, la parole est d'Art" à la galerie Le Garage à Orléans

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  • Le mercredi, 03 septembre 2014

Ecrivain, artiste plasticien, performeur, Pierre Tilman est l'artiste le mieux à même de représenter l'esprit du projet du Festival "La parole est d'Art". Michel Dubois, directeur de la galerie Le Garage à Orléans a accepté d'organiser une exposition  "Pierre Tilman, la parole est d'Art"  comme vitrine de préfiguration du projet de festival proposé à la ville d'Orléans.

Tilman performance

    Pierre Tilman, lecture/performance dans l'exposition "Annoncez la couleur"
avec Gérard Fromanger à "A cent mètres du centre du monde" Perpignan 2014

L'homme de « Chorus »
« Celui qui fut dans l’oeil du cyclone lorsque, avec la revue Chorus, et son ami Jean-Pierre Leboul’ch, il contribua à promouvoir l’oeuvre de Ben, Daniel Biga, Marcel Alocco, Serge Oldenburg, Roland Flexner, Jacques Monory, Gérard Fromanger ou Jean-Pierre Raynaud, a pris du recul et, pour cultiver sa véritable identité d’artiste, a pris le temps et le rythme qui lui convenaient le mieux. La discrétion, la réserve de l’homme cachent pourtant la vitalité d’un artiste qui aime les mots et les choses.
D’ailleurs ses mots sont des choses et ses choses forment des mots.

Les chemins buissonniers
Ecrivain et poète, il sait bien de quoi sont faits ces mots dont il joue si aisément. Pour l’artiste plasticien, le plaisir continue. Avec quelques objets de bricolage, quelques petits soldats en plastique, l’art se prolonge comme un jeu d’enfant. Pierre Tilman prend son temps ou plutôt perd son temps : c'est le moyen qu'il a trouvé sur ses amis artistes pour trouver la distance, prendre le recul et, toujours à la merci d'un chemin de traverses, échapper au rythme effréné de la compétition artistique. N'allons pas jusqu'à croire que Pierre Tilman offrira sa dépouille au
monument à l'artiste inconnu. Son monument à lui ne ressemblera pas à une architecture pompeuse. Son oeuvre se dispersera, légère comme une plume, d'une mémoire à l'autre, d'une lecture à la suivante, mais avec une résistance au temps que lui envieront les cénotaphes vaniteux. Vous voyez ce que je veux dire.. » Claude Guibert

Projet du Festival La parole est d'Art pour la ville d'Orléans

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  • Le lundi, 01 septembre 2014

Le projet de Festival La parole est d'Art fait l'objet actuellement d'une proposition en direction de la ville d'Orléans. Plusieurs lieux culturels sont sollicités pour participer à la mise en oeuvre du festival :

La parole des artistes
Collégiale Saint-Pierre le Puellier : « La parole est d'art ! »

Élément central du dispositif , le témoignage personnel des artistes présenté dans une exposition composée avec les trois cents quarante modules vidéo de l’ Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain dans une scénographie de modules habitacles.


La parole de la médiation
Musée des Beaux-arts d’Orléans : La médiation dans l'art

Proposer à l'association des amis du musée des Beaux-arts d'Orléans d'initier dans le cadre de ses activités, l'évocation de cette question : qu'est-ce la médiation dans l'art ? Comment cette parole s'exprime-t-elle, quel est son enjeu, sa mission, sa responsabilité ?

La parole virtuelle
Médiathèque d’Orléans : Internet, nouvelle agora de l'art ?

Internet, notamment avec la prolifération des blogs sur l'art, deviendrait-il la nouvelle agora pour débattre de l'art contemporain ? En contrepoint, exposition « Tout comme unique » de Pierre Tilman.

Le discours dans l’oeuvre
ESAD : Le discours dans l’oeuvre

L'initiative de l'ESAD est sollicitée pour prendre part, avec les étudiants, à la mise en valeur de la parole dans l'Art.
 

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