Blog "La parole du Festival"

La vie imaginaire de Jacques Monory

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  • Le vendredi, 19 décembre 2014

Monory landerneau

L’œuvre de Jacques Monory, depuis plus d’un demi-siècle de peinture, a connu tous les états de la vie d’un artiste : reconnue, glorifiée, un peu oubliée, puis célébrée. Depuis ces années, combien de textes ont été écrits sur son travail ? Difficile d’intervenir après tant de réflexions brillantes sur l’itinéraire de ce peintre. C’est davantage l’homme que je souhaite évoquer dans ces lignes. Ayant eu le privilège de faire sa connaissance il y a une quarantaine d’années et l’ayant recroisé plusieurs fois jusqu’à ce jour, je voudrais souligner la grande authenticité de son parcours. Jacques Monory a non seulement donné sa vie à la peinture, mais il a de plus tout fait pour mettre en œuvre toutes les conditions pour s’y consacrer physiquement et intellectuellement.
Pour cet artiste, jouant parfois à cache cache avec sa date de naissance, à y faire perdre son latin aux biographes et aux Wikipédiens, la peinture est tout, au point que la frontière entre la peinture et la vie n’existe plus.
Dans ce monde qu'il dit détester, Jacques Monory peint. Il appartient à cette génération de peintres qui retrouvèrent la figuration. L’image photographique hante la peinture de Monory. Ce visible réel dont se sert le peintre est codé. Depuis qu'il peint, Monory interroge la peinture, l'image, la vie.
Cette seule présence au monde qu'il tolère, il la développe, depuis cinquante ans de peintures à travers les thèmes qui l'attirent ou le repoussent : “Meurtres”, “Premiers numéros du catalogue mondial des images incurables”, “Opéras glacés” ou la série de “La vie imaginaire de Jonc’Erouas Cym”. Dans les tableaux de Jacques Monory, la photographie intervient dans tous ses états : clichés personnels mais également photos de presse, magazines, images d’écrans de télévision ou de cinéma. Du rêve, la peinture de Monory a la couleur bleue. Ce bleu manifeste, selon la formulation de Jean-François Lyotard, de « « cette profonde érosion des rapports chromatiques (…), elle est la pulsion de mort agissant dans le champ des couleurs”.
Jacques Monory confirme cette analyse : “Cet insupportable évènement de la mort, j’essaie de l’agrémenter du faste de la tragédie, le colorer de la froideur du roman noir, du thriller bleuté, du délire glacé d'un romantisme dérisoire”. Dans le filtre bleu d’un Monory, les maladies virales de la société sont là. Entre réalité et imaginaire, entre cinéma et rêve, le peintre se met en scène dans ses tableaux et installe son personnage dans ce no man’s land intouchable entre le réel et la fiction. Il y a bien longtemps que le peintre, à la manière des personnages de Woody Allen, dans “La rose pourpre du Caire”, sortant du film pour entrer dans la vie, a franchi cette frontière entre la vie et le tableau. Le peintre aura su construire une image de sa personne en adéquation avec son oeuvre. Jacques Monory est bien un personnage de roman, une silhouette de film, une ombre de polar.

                                                                      Chroniques du chapeau noir

source: http://imago.blog.lemonde.fr/2012/01/28/la-vie-imaginaire-de-jacques-monory/

La parole de Jacques Monory (Encyclopédie audiovisuelle de l'art contemporain)

Quand les attitudes deviennent paroles

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  • Le mercredi, 17 décembre 2014

Regards sur la scène française depuis les années soixante

Interviwer la performance

Ces " Regards sur la scène française depuis les années soixante " dessinent les contours d'un pan de l'art de notre temps, d'un courant particulièrement indocile, indomptable, difficile à cerner et même à définir. Car le terme de performance recouvre à l'évidence des pratiques diverses, se présentant sous des noms variés : happening, actionnisme, art de rue, théâtre total,  poésie sonore.... Ces appellations indiquent combien cette notion de performance ne s'en tient pas aux arts plastiques mais dépasse les frontières en direction du spectacle, du théâtre notamment. Dans son introduction, l'ouvrage n'élude pas la question en précisant qu'on ne peut se satisfaire d'une seule définition de la performance. Soulignant ce "Renouvellement des stratégies d'indiscipline", les auteurs décrivent ( avec Eric Mangion ) la performance comme "un terme générique qui englobe toutes les typologies d'actions définies à travers le temps, à savoir happening, event, body art, art action ou interventions plus conceptuelles".
On observera avec les entretiens réalisés auprès d'une douzaine d'artistes que ceux-ci adoptent parfois des appellations diverses, confirmant leur sensibilité réfractaire à toute tentative de classement réducteur.
L'introduction de cette investigation resitue dans les années soixante le contexte dans lequel cette notion de performance s'inscrit. Cet art d'attitudes se développe dans une époque ou coexistent les expressions publiques, où se révèlent les créations théâtrales comme le Living theater de Judith Malina  et Julian Beck ou le Bread and Puppet Theater de Peter Schumann et ou la rue connaîtra une primauté politique.  Les noms de Ben et Jean-Jacques Lebel, s'ils sont évoqués, ne font pas partie des artistes interviewés, pourtant tous deux acteurs majeurs de cette histoire, Ben pour avoir contribué à l'arrivée du mouvement Fluxus en France et et Jean-Jacques Lebel pour l'importation du happening en Europe. Un peu surpris également de ne pas voir citer une seule fois les noms de Jean Mas proche de Fluxus  et ses nombreuses "PerforMas" ou encore de Roland Sabatier, membre moteur de la deuxième génération lettriste.
Chaque entretien, réalisé entre 2011 et 2012, a fait l'objet d'une retranscription en concertation avec chaque artiste qui a validé ensuite le texte final.
C'est donc un témoignage vivant sur un art bien vivant qui rassemble de Julien Blaine à Jean-Luc Verna les composantes de cette pratique artistique décidée à se tenir à l'écart des formats institutionnels et marchands.
Le corps apparaît comme l'outil primordial de cette expression, qu'il s'agisse d'un corps engagé dans un art relationnel avant la lettre où d'un corps matériau soumis à toutes les contraintes comme chez Orlan.

Dejeuner sur l herbe untel

"Le déjeuner sur l'herbe" Groupe Untel intervention non officiel Salon des artistes Français Galeries nationales du Grand Palais 8 avril 1975

                                                                 

Untel

Cas particulier dans cette liste d'artistes, celui du seul groupe présent, Untel. Le groupe Untel fut un collectif d'artistes créé en 1975 à Paris par Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal et Alain Snyers. Ces copains étudiants d’écoles d’art ont eu pour objectif pendant cinq ans d’aborder «La vie quotidienne en milieu urbain». Dans cet univers que le sociologue américain David Riesman appelait «La foule solitaire», c’est un groupe formé d’individus innommables qui s’en prend aux médias, au marché, au tourisme, à la publicité pour mieux toucher du doigt les maladies de la vie sociale urbaine.
Aujourd'hui la performance aurait-elle acquis droit de cité au sein des institutions comme le Street-art a pris place entre les murs des musées ? Dans les deux cas, c'est l'identité même de cette pratique, marquée par ses valeurs subversives, qui serait en question.

                                                                             Chroniques du chapeau noir

Interviewer la performance
Mehdi Brit, Sandrine Meats
Manuella éditions
Octobre 2014
ISBN : 978-2-917217-61-0

Source :  http://imago.blog.lemonde.fr/2014/12/16/quand-les-attitudes-deviennent-paroles/

Christian Robert-Tissot : le mot est un matériau comme les autres.

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  • Le samedi, 13 décembre 2014


Krak robert tissot 1994

Christian Robert-Tissot Neuchatel 1994

"En 1995, après avoir désherbé un champ dans les montagnes du Jura pour en dégager en creux et à grande échelle le signe du recyclage, Christian Robert-Tissot réalisait que son « travail n’était pas lié à une technique spécifique mais qu’il était plutôt composé d’un ensemble de moyens multiples et convergents ». Dans la même veine, peu après cette première expérience, il installera Perdu de vue, des grandes lettres découpées, telle une enseigne sur le toit d’un bâtiment qui jouxte le Mamco, durant son exposition en 1996. Dès lors, sans pour autant délaisser le territoire de ses premiers travaux, une toile tendue sur châssis, il investiguera tous les supports qui peuvent matérialiser le plus familier et immatériel des « instruments » humains : le langage. Car c’est toujours aux signes linguistiques, qui forment le point focal de son travail, que s’intéresse C. Robert-Tissot. Il en joue, littéralement, dans tous les sens du mot, sans toutefois filer fleurette à l’art conceptuel. C. Robert-Tissot confère aux mots, au vocabulaire populaire, aux vocables particulièrement spécifiques au milieu de l’art, aux expressions stéréotypées et si «tendance » qu’elles nous viennent aux lèvres sans avoir eu le temps d’être tempérées par la réflexion, une densité plastique – parce qu’ils sont peints et mis en forme – une capacité insoupçonnée de réappropriation par le lecteur. Parfois la poésie pure du langage l’emporte, d’autres fois il se laisse gagner par l’enchevêtrement des représentations mentales, d’autres fois encore le jeu l’engage à poursuivre quelque plaisante dérive langagière, tant qu’il ne l’arrête pas au revers d’une réalité qu’il n’avait jusque-là pas pleinement mesurée.

C. Robert-Tissot puise dans une tour de Babel qui ose convoquer la multiplicité. On ne se risquerait à l’imaginer avant l’ère de l’ordinateur… remplissant des carnets (ils auraient pu être bleus) de mots entendus quotidiennement, de phrases à double sens, de qualificatifs déterminants et d’expressions à la mode. Et d’autres (rouges, ceux-là) couverts de multiples graphies, de polices de caractère qui parcourent tout l’échiquier typographique, des sévères caractères bâtons à ceux qui s’émoustillent de courbes et de découpes sauvages, en passant par la sobriété de ceux qui prennent l’apparence du « moderne ». Car l’ouverture à des possibilités illimitées de lecture tient à la convergence réussie de la maîtrise graphique, du travail de la représentation, des jeux des signes et des références."
(Source MAMCO)

Charles Sandison : la parole numérique

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  • Le mardi, 09 décembre 2014


eSandison gp 2008

Grand Palais Paris 2008

Le numérique, matière première de l’artiste

L’artiste est connu pour ses projections générées par ordinateur investissant un espace architecturé. Dans une semipénombre, Charles Sandison plonge le spectateur à travers un labyrinthe de mots mouvants et lumineux. Dans son oeuvre, le multimédia n’est pas uniquement un outil mais devient sujet : la technologie, loin de définir l’art de Sandison, n’est qu’un moyen qu’il utilise pour faire d’un espace physique, un espace mental. Nul doute que si la machine et ses mécanismes n’avaient pas été inventés ou n’avaient pas passionné l’artiste, il aurait trouvé un autre
médium pour exprimer son univers esthétique, poétique et conceptuel.

Un processus de création complexe

Dans sa phase de production, l’artiste recherche avec une rigueur quasi-mathématique la disposition précise des vidéoprojecteurs ; il conçoit un programme informatique complexe qui génère les mots et détermine leur apparition, leur mouvement, leur collision et leur disparition. Ses installations traitent principalement du rapport entre texte et image, entre homme et machine, entre signifiant et signifié. Pour le MUDO-Musée de l’Oise, Charles Sandison a sélectionné un matériel lexical spécifique pour nourrir sa projection : l’inventaire des oeuvres du musée et de nombreux
autres écrits sur le palais comme Les Fortunes et adversitez de Jehan Régnier (1526). Ces univers, ces mots naviguant sur la charpente, viennent hypnotiser le visiteur dès qu’il franchit le seuil de la porte en le faisant basculer dans un autre monde avec pour seul repère, cette cathédrale de lumière. Charles Sandison utilise le mot comme générateur de lien entre le spectateur-lecteur et son oeuvre, entre son oeuvre et l’espace qu’il investit.

Charles Sandison est né en Ecosse en 1969.
Il vit et travaille à Tampere en Finlande

Après avoir investi des lieux prestigieux comme le Grand Palais, le musée d’Orsay, le musée du Quai Branly à Paris ou le Manège à Moscou, l’artiste Charles Sandison a accepté l’invitation du MUDO - Musée de l’Oise. Trois ans après sa dernière installation numérique en France, l’artiste nous livre une création exceptionnelle dans l’impressionnant espace sous-charpente du musée. Pour la réouverture du palais Renaissance, Axis Mundi porte un regard inédit sur cet espace emblématique, réinventant l’arbre universel unissant ciel et terre, passé et présent.

Bernard Heidsieck, pour mémoire

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  • Le lundi, 01 décembre 2014

Le poète et performeur Bernard Heidsieck, né le 30 novembre 1928, fait figure d'inspirateur pour nombre d'écrivains et autres artistes. Ayant décidé, au cours des années 1950, de rompre avec l'écrit pour donner de sa voix à une poésie extirpée du livre,  il avait pris le parti d'opposer une poésie active, « debout », à celle qu'il jugeait alors passive. L'homme de lettres est mort samedi dernier, le 22 novembre 2014, d'insuffisance respiratoire.
A partir de 1955, on le retrouva au rang des fondateurs de de la Poésie Sonore puis de la Poésie Action en 1962. Il était contemporain des mouvements Beat, Fluxus ou minimaliste américains, et le magnétophone comptait parmi ses outils d'écriture destinés à expérimenter de nouveaux champs poétiques. De 1978 à 1986, il écrivit Derviche/Le Robert, composé de 26 poèmes sonores. Puis à partir de 1988, Respirations et brèves rencontres (60 poèmes produits à partir d’archives d’enregistrements de souffles d’artistes). Par ailleurs, comme beaucoup de poètes, il a poursuivi un travail de plasticien. Dès 1965, il a conçu des planches d'«écritures-collages», la plupart intégrant des circuits intégrés ou des fragments des bandes magnétiques utilisées lors de la création de ses poèmes sonores. Il en réalisera plus de 1000, notamment collectionnées par Francesco Conz. Il aura réalisé 540 lectures publiques «tout autour» du monde.


Bernard heidsieck
Bernard Heidsieck en lecture, en mai 1987 à Varsovie. (Photo Françoise Janicot)

Lebel, parole rebelle

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  • Le mardi, 25 novembre 2014

" Figure emblématique d'une génération d'artistes qui a contribué à la « révolution culturelle » dans les années 1960, Jean-Jacques Lebel (né en 1936, Jean-Jacques Lebel vit et travaille à Paris) s'est toujours attaché à concilier démarches artistiques et philosophie de vie. Exclu du mouvement surréaliste avec Alain Jouffroy en 1960, l'ensemble de son parcours notamment plastique se revendique et se marque néanmoins de la pensée de André Breton, du travail de dadaïstes tel que Max Ernst, et de l'esprit de Marcel Duchamp.
À ce contexte se greffe également un entourage d'ordre plus philosophique au travers de rencontres dans ces mêmes années avec Gilles Deleuze, Félix Guattari... Le chemin de Jean-Jacques Lebel croise alors des personnalités artistiques aux activités hétérogènes mais tous enclin à mettre en avant « l'action poétique comme activateur des contradictions de notre société industrielle ». Des rencontres qui conjuguent ainsi poésie, peinture, théâtre, engagement politique dans une série de happenings ou de performances dont Lebel est le premier organisateur en Europe, reprenant par là-même les idées avancées et mises en place par Allan Kaprow à New York. Le happening se veut alors comme un prolongement de l'Action Painting en dehors de la surface plane du tableau, investissant divers espaces et rejoignant les théories d'Antonin Artaud sur le théâtre. Dans cet esprit et en réaction  au climat politique de l'époque, Lebel co-organise avec Alain Jouffroy l'Anti-Procès en 1960, réunissant des artistes aussi différents que Brauner, Matta, Dufour, Rauschenberg, Tinguely, Michaux, Fontana, Erró, Fahlström et Lam... dans un mixage de théâtre total, happening, exposition et permettant à chacun d'eux de jouir de « l'absolu liberté de faire ce qu'il voulait » et de devoir « simplement affirmer avec les autres son opposition à la guerre d'Algérie ».
En 1961, il prend l'initiative du Grand Tableau Antifasciste collectif, sequestré par la Questura de Milan pendant 23 ans. Dans la continuité de l'Anti-Procès, il met en place à partir de 1964 le Festival de la Libre Expression et à partir de 1979 le Festival International de Poésie Directe Polyphonix, mêlant arts plastiques, vidéo, musique, performance, poésie... On retient en 1965 le happening Dechirex  de Lebel lors du deuxième Festival de la Libre Expression qui s'est articulé sur le refus de la suprématie de la voiture dans l'espace social : une 4 CV Renault était présente comme « personnage » dans cette manifestation. A la fin du happening, le public s'y est violemment attaqué, la réduisant à presque rien. Le lendemain,  l'artiste Ben est entré les yeux bandés dans la foule agitant une hache de pompier. À l'idée de cette violence, Jean-Jacques Lebel répond : « la violence toute relative de nos soirées contenait toujours de l'ironie, mais il est vrai que le sens de l'humour des uns peut violer la sensibilté des autres ».
Si les activités artistiques de Jean-Jacques Lebel sont reconnues depuis les années 1960 à nos jours  dans le champ de la performance, il n'en demeure pas moins un artiste plasticien revenu « d'exil » dans le monde de l'art et de l'exposition en 1988. Il s'en était retiré 20 ans plus tôt afin de ne pas devenir un artiste domestiqué. Ecriture, collage, peinture, sculpture, installation, action directe sont associés dans les œuvres de Lebel à la sexualité, à la vie quotidienne, politique et philosophique avec pour fil conducteur de dadaïser la société (Portrait de Nietzsche, 1961 ; Portrait de Rauschenberg, 1961 ; Monument à Félix Guattari, 1995)."  (source: Les presses du réel)

Miss.Tic joue la fille de l'Art

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  • Le samedi, 22 novembre 2014

"Je prête à rire mais je donne à penser"

Miss tic femme de l etre

Grande figure du Street Art, Miss.Tic a fait des rues de la capitale sa plus belle galerie. Depuis 1985, elle bombe au pochoir, sur les murs, des billets d’humeur illustrés de portraits de femmes, légendés de phrases pertinentes et impertinentes. Voici enfin réunies, dans un ouvrage,'"Je prête à rire mais je donne à penser") ces phrases à l’humour subtil et corrosif. Aphorismes, sentences, épigrammes, formules, épitaphes, jeux de mots, messages qui nous parlent de notre époque, de l’amour, du temps qui passe. Entre calembours et traits d’esprit, son écriture est jubilatoire, ses figures de mots transgressent les régles élémentaires de notre langage et de nos lieux communs. Ces textes révèlent une expérience artistique libre, singulière et provocante. (Source Editions Grasset)

Mis tic fille de l art

QR Code : la parole graphique aux artistes

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  • Le jeudi, 20 novembre 2014

La parole est d art 126795
Site du Festival La parole est d'Art

Créé par l'entreprise japonaise Denso-Wave en 1994, le QR code permet de stocker un nombre important de données sur une surface réduite en 2D. Aujourd'hui largement démocratisé grâce à la multiplication des smartphones, il fait entièrement partie de notre quotidien. Illustration de ce phénomène lors de la biennale de Venise où le pavillon russe a surpris en proposant une enceinte entièrement vêtue de QR codes. Un projet destiné à exprimer une métaphore architecturale de la connexion entre le virtuel et la réalité.
Dans le même état d'esprit la société AVS communication s'est chargé du recouvrement de la façade du nouveau Teletech Campus. 1000 m2 d’adhésifs noir mat ont été découpés en formes de flash code, permettant via le scan de découvrir 12 contenus inédits.

Qr immeuble

Fred Deux : conter l'art

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  • Le lundi, 17 novembre 2014

"Fred Deud est-il un dessinateur qui écrit, un écrivain qui dessine, un philosophe dans l’atelier ? Né en 1924, l’ancien apprenti-électricien a rencontré un jour la littérature dans une librairie, fait connaissance avec les surréalistes, commence alors, avec de la peinture laque pour bicyclette, à réaliser ses premières « taches » sur papier. Son œuvre fait appel autant au dessin qu’à l’écrit, auteur notamment de quelques grands livres. La Gana (1958) publié sous le pseudonyme de Jean Douassot, Sens inverse (1963), La Perruque (1969) et Nœud coulant (1971) constituent quelques repères sur ce chemin de la création. Il y a aussi des livres uniques (un seul exemplaire ou chaque dessin est accompagné de son texte commentaire.) et des livres d'artistes, textes et dessins de Fred mis en gravure par Cécile Reims-Deux, son épouse.
Dans le silence de son atelier de La Châtre, Fred Deux même une vie consacrée au dessin, à l’écriture, pour mieux se livrer à une introspection nécessaire, loin des modes et des actualités trépidantes du monde de l’art.
Fred Deux est donc dessinateur et écrivain. Mais peut-être est-il avant tout un extraordinaire conteur. La voix, le ton confidentiel, la respiration, le rythme, les silences de Fred Deux participent au climat d’une œuvre discrète voire secrète. On ne peut donc pas s'étonner d'apprendre que l'artiste ait enregistré son autobiographie sonore en 24 cassettes couvrant trente années de vie. Ayant eu le privilège de le rencontrer pour l’entendre parler de son œuvre et surtout de sa vie, j’aurais volontiers imaginé de passer de nombreuses soirées d’hiver, devant le feu d’une cheminée, pour poursuivre ce voyage exceptionnel.
Fred Deux était fait pour la radio et la télévision. Peut-être serait-il insatisfait d'un tel commentaire, lui qui, jour après jour, dans la solitude de son atelier de province, garde le silence."

                                                                                                                                                                                           Chroniques du chapeau noir

Malte Martin : Etre lettre

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  • Le samedi, 15 novembre 2014

Etre

"Être", sur le parvis de l 'ESAM de Caen 2008

(photo : Blog ESAM)

A l’occasion du Mois de l’architecture contemporaine en Normandie, L'école supérieure d'arts et médias de Caen invite le graphiste Malte Martin à imaginer un dispositif d'écriture monumentale qui liera, dans une trilogie, le coeur historique, une place reconstruit après guerre et l'école sur la presqu'ile qui préfigure l'aménagement urbanistique à venir pour la ville.

Malte Martin, designer graphique / plasticien
Né à berlin, le 27 mai 1958
Graphiste et plasticien, il anime un atelier graphique qui explore tous les domaines de la création contemporaine : théâtre, danse, musique, cinéma. Ses influences sont multiples. Il débute son parcours par une formation dans la lignée du «Bauhaus», avant d’intégrer les Beaux-Arts de Paris et entrer dans l’atelier Grapus.
Aujourd’hui, il poursuit son voyage dans le monde visuel avec son atelier graphique et Agrafmobile, théâtre visuel itinérant pour investir l'espace urbain et les territoires du quotidien. Un espace d'expérimentation entre création visuelle et sonore, entre gestes et signes.L’Atelier graphique Malte Martin est un atelier de création visuelle.

Marina Abramovic : le silence est une parole comme le autres

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  • Le lundi, 10 novembre 2014

Abramovic moma 2010

Durant deux mois et demi, l'artiste serbe s'est installée au MoMA à New York pour des face à face silencieux avec les visiteurs. Les participants font état d'une expérience rare dont beaucoup sont sortis en pleurs.

Du 14 mars au 31 mai, Marina Abramovic a passé 700 heures assise sur une chaise au sixième étage du MoMA à New York. L’artiste contemporaine, à qui le musée américain a consacré une importante rétrospective, y a réalisé une performance, The Artist Is Present. Le dispositif est simple : chaque jour, à l’ouverture du musée le matin, Marina Abramovic s’assoit, vêtue d’une longue robe unie, et les visiteurs viennent, un par un, s’installer en face d’elle. Ils se fixent pendant quelque temps, sans échanger aucune parole, jusqu’à ce que le visiteur se lève et laisse la place à un autre. Certains restent deux minutes, d’autres quelques heures. Beaucoup explosent en sanglots. Marina Abramovic joue son rôle de Pythie de Delphes contemporaine et muette. Habituellement, les cartons d’invitation de vernissages sont accompagnés de la mention : « L’artiste sera présent. » Le plasticien présente ses œuvres le temps d’une soirée et s’en va le lendemain, laissant la galerie ou le musée vide. Marina Abramovic, elle, est restée.Un corps à deux têtes. Souvent qualifiée de « grand-mère du performance art », elle est née en 1946 à Belgrade, dans la Yougoslavie rigide de Tito. Elle étudie les Beaux-Arts et, dès 1973, commence à réaliser des actions où elle pousse les limites de son corps. Elle signe une série d’œuvres, Rythm, dans laquelle elle absorbe des psychotropes, se taillade, se brûle et invite les spectateurs à la malmener –, elle affirmera par la suite que « si on laisse le pouvoir au public, on peut être tué ». En 1976, elle rencontre l’artiste allemand Ulay. Les deux travaillent et vivent ensemble. Pendant vingt ans, ils se définissent comme un « corps à deux têtes ». Ils réalisent des scènes où ils se dénudent et s’installent dans l’entrebâillement de la porte d’une galerie, s’entremêlent les cheveux et se collent les lèvres pour respirer le même air, jusqu’à la suffocation. En 1988, ils se séparent et entament une longue marche sur la Muraille de Chine, chacun démarrant aux extrémités opposées et rejoignant l’autre au milieu pour célébrer la rupture de leur relation tumultueuse. Par la suite, Marina Abramovic continuera une carrière seule, participera à la Documenta à Cassel et remportera le Lion d’or à la Biennale de Venise en 1997. Ses créations, avec Ulay ou en solo, ont été recréées à l’occasion de la rétrospective du MoMA.Marina Abramovic fait toujours sensation sans rentrer dans le sensationnalisme. The Artist Is Present, rediffusée sur Internet, a créé une effervescence à New York, où des centaines d’anonymes ont fait la queue devant le MoMA. Le photographe italien Marco Anelli a réalisé des portraits des visiteurs, toujours très émus. La blogosphère s’est entichée de l’événement, un blog ayant même été ouvert intitulé Marina Abramovic Made Me Cry, (Marina Abramovic m’a fait pleurer) (1). Les témoignages évoquent la force du regard de l’artiste, la conversation silencieuse qui s’installe, la douleur ou la joie qui ressortent pendant la performance. Des curiosités ont aussi eu lieu. Une artiste, Anya Liftig, s’est habillée exactement comme Marina Abramovic et les deux ont passé une journée en face à face. Un autre, Amir Baradaran, l’a fait rire en recouvrant son visage de slogans. Une femme est venue à plusieurs reprises, chaque fois habillée de manière différente, dont une fois avec un voile intégral. Paco Blancas, un maquilleur installé à New York, est venu plus de quatorze fois. à l’image d’un « Où est Charlie ? » contemporain, on retrouve son visage à plusieurs reprises sur Internet. « S’asseoir en face d’elle est une expérience qui transforme, a-t-il déclaré, c’est lumineux (…) elle presse le bouton qui fait sortir toutes les émotions. » Le plasticien chinois Tehching Hsieh, qualifié par Marina Abramovic elle-même de « maître » et devenu célèbre après avoir passé un an dans une cage en bois, s’est aussi installé face à l’artiste. L’événement a eu son lot de stars, une frange de l’intelligentsia s’étant passionnée pour la création.Deux minutes ou une journée. Le musicien Lou Reed, le comédien sex-symbol arty James Franco, les actrices Sharon Stone, Isabella Rosselini ou Isabelle Huppert sont venus s’asseoir devant Marina Abramovic. Ces VIPs n’ont pas fait les cinq ou six heures de queue pour arriver à la chaise de l’artiste. Les anonymes raillent ce privilège. Pour eux, l’attente fait partie de l’expérience, l’émotion vient aussi avec la patience. La durée de passage de chaque personne devant l’artiste n’est pas fixe ; ils restent en moyenne environ un quart d’heure mais certains n’ont tenu que deux minutes tandis que d’autres six ou sept heures. Impossible de prévoir combien de temps va durer l’attente. Ceux qui sont venus à plusieurs reprises évoquent les liens qui se créent entre les participants. Un habitant de Brooklyn, venu une dizaine de fois, a attendu plusieurs heures et, au moment d’aller s’asseoir, a laissé sa place au suivant, affirmant qu’il reviendrait à la fin. Au départ, Marina Abramovic  n’avait pas imaginé que cette attente allait faire partie de la performance. Au fur et à mesure, The artist Is Present a dépassé le cadre des deux chaises et s’est étendue au musée en entier. De même, une table la séparait initialement des visiteurs. Au bout d’un mois, elle a jugé que la table représentait un rempart qui freinait le rapport au public et a décidé de la retirer de l’installation. C’est toute la force de Marina Abramovic : être une artiste contemporaine mondialement célèbre et se remettre toujours en question. Elle ose chambouler son travail en pleine action, imaginer des alternatives, assurer une continuité. L’artiste serbe travaille avec le galeriste français Serge Le Borgne sur un projet d’institut, la Marina Abramovic Foundation for the Preservation of Performative Art à Hudson, dont l’ouverture est prévue pour 2012. Dans une ancienne salle de cinéma, elle ne présentera pas son travail mais celui de jeunes performeurs.Marina en larmes. En deux mois et demi, Marina Abramovic aura scruté le visage de plus d’un millier de personnes. Des New-Yorkais, anonymes, artistes ou célébrités ont été émus par son regard fixe et impassible. Sa sérénité n’aura connu qu’une exception. Le soir du vernissage, son ancien compagnon et collaborateur, Ulay, est venu s’asseoir face à elle. La foule s’est tue et Marina Abramovic s’est mise à pleurer. Après quelques minutes, elle a avancé les bras vers lui et lui a serré les mains pendant quelques instants, brisant pour un court instant les règles de sa propre performance.  

( Source Libération.fr Clément GHYS)

Pierre Tilman se lit, s’entend, se voit

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  • Le jeudi, 06 novembre 2014

Le festival POÉSIE MARSEILLE 2014
11ème EDITION

le 6, 7, 8 et 9 Novembre

Parmi les atistes invités : Pierre Tilman

Tilman festival poesie

 

"Il est né en 1944 à Salernes, dans le Var.
Après une quarantaine d’années passées à Paris, il vit aujourd’hui à Sète.

Il est poète, il a publié : « Espèces de listes » aux éditions Galilée en 2012, quatre recueils chez Gros Textes en 2011 et 2013, dont les deux derniers s’intitulent « En même temps » et « C’est l’histoire d’un type ».

Il a écrit la biographie de Robert Filliou, «Robert Filliou, nationalité poète», éditée aux Presses du réel en 2006.

On peut lire sa poésie sous forme de livres mais on peut aussi l’entendre en live.
Lectures publiques sur scène, souvent en compagnie de musiciens (Maguelone Vidal, Chopin Parasol, Eric Barret, Pascal Contet, Jean-Louis Capozzo, Benoît Chevillon).

On peut également voir ses œuvres exposées dans l’espace des galeries, des musées et des centres d’art. Il est artiste :
Une exposition rétrospective intitulée « Tu vois ce que je veux dire » à la Villa Tamaris, centre d’art, la Seyne-sur-Mer, réunissait un grand nombre de ses œuvres plastiques (2012, 2013).

Il expose régulièrement à Paris, galerie Métropolis.
On peut le qualifier de performeur, de poète visuel.

Il est un homme des rues et des bars, un mammifère, un animal cultivé, avec en lui quelque chose de végétal et de minéral. Cela signifie qu’il a un rapport au silence, qu’il est un poète de la vie, qui peut passer beaucoup de temps pour penser aux choses simples.

À propos de mon travail, dialogue avec moi-même.


- Il y a de la sensualité dans ce que tu fais ?
- Ho la la, bien sûr que oui ! Je suis un mammifère, d’abord et avant tout, depuis tant de millénaires. L’intelligence qui ne permet pas de s’éclater et de prendre son pied, je n’en veux pas, même en solde, pas même en promotion, je te la laisse, cadeau !

- Ta poésie et ton travail plastique sont directement reliés à la vie, au vécu.
- Oui, c’est vrai, à l’expérience et à la réalité. Mais ça ne s’arrête pas là. La vie n’est pas seulement vécue, elle renvoie directement à l’esprit, aux mécanismes de la pensée et à leur fonctionnement.

- C’est donc aussi très mental.
- Je te disais que je suis un mammifère mais j’ai l’honneur de faire partie de l’espèce qui a proportionnellement le cerveau le plus développé. Comme disait Picabia, mon crâne est rond pour que mes idées puissent tourner dedans. Je pense, donc j’en profite. Je gamberge, je lis, je parle, je me désespère et je rigole tout seul dans ma tête. C’est mental, c’est réfléchi, c’est cultivé... Sensible, poétique, instinctif... Et lucide. Forcément, tout va ensemble Je ne sais pas pourquoi on passe son temps à faire des divisions dans ce qui va ensemble. À quoi ça sert ? À régner, à juger ? À se vouloir efficace, comme une machine qui ne sait faire que les mêmes boulots ?

- Tu es poète. Tu es artiste, mais tu n’es cependant ni peintre, ni dessinateur, ni sculpteur.
- Je suis chez moi dans les arts plastiques. C’est mon pays, ma famille, ma maison, même si je ne suis, comme tu le fais justement remarquer, ni peintre, ni dessinateur, ni sculpteur.

- Tu restes toujours dans le langage.
- Les mots sont toujours là, sous mes yeux, dans mes mains, dans mon corps, je joue avec eux, je travaille avec eux. Je suis poète, je suis un homme de paroles, mais, en ce qui me concerne, la poésie est également faite de solitude et de silence. Elle est donc liée au fait de se taire et de laisser tomber l’inutilité lassante des explications et des commentaires.

- Es-tu en train de me dire que tu commences à en avoir marre de parler de ce que tu fais ?
- Je préfère le faire."

(source: Festival Poésie Marseille 2014)

Les Cubiténistes : prendre la rue au mot

  • Par
  • Le dimanche, 02 novembre 2014

A la jonction des arts de la rue et des arts plastiques, les Cubiténistes multiplient les gestes artistiques collectifs dans l'espace urbain. La rue devient le théâtre de leurs créations.

Les cubitenistes

Les Cubiténistes est une compagnie de théâtre de rue apparue en 1990. Elle a créé depuis, de nombreux spectacles et performances artistiques liant le théâtre, le cinéma, la littérature et les arts plastiques.
Démarche artistique
Le Cubiténisme est une philosophie de l’absurde, du dérisoire et de l’humour. Les Cubiténistes se sont attelés à une lourde tâche : redéfinir, en toute modestie, l’univers dans sa totalité. Cet objectif a été en partie atteint à travers plusieurs spectacles de rue, une exposition et trois livres.


Les cubitenistes4

Rero : « What you see is what you get »

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  • Le jeudi, 30 octobre 2014

ReroExposition  2014
Galerie Paris-Beijing
Hôtel Winssinger, Rue de l'Hôtel des Monnaies 66, 1060 Brussels

A mi-chemin entre art urbain et art conceptuel, Rero interroge d'un côté le contexte de l'art, de l'autre les codes de l'image et de la propriété intellectuelle à travers un acronyme qui apparaît régulièrement dans ses œuvres : WYSIWYG (What You See Is What You Get). Détournement et auto-censure — il barre ses messages d'un épais trait noir —  sont les maîtres mots de ses recherches sur la négation de l'image.
Fortement imprégné de philosophie et de sociologie, il ne cesse d'interroger les codes de notre société, notamment autour des notions de consommation et d'obsolescence, sans jamais juger mais en proposant au regardeur de le faire. L'artiste questionne les limites de l'intime avec ce que nous rendons public, volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment, notamment sur Internet. Par une construction radicale, où tout doit être montré et rien ne doit être caché, Rero détermine la limite entre l'intérieur et l'extérieur. 
Né en France en 1983, Rero a présenté ses œuvres dans de nombreuses institutions publiques comme le Centre Georges Pompidou, Le Musée en Herbe, le Musée de la Poste, Confluences à Paris ou encore l'Antje Øklesund de Berlin. Plus récemment, son travail a bénéficié de nombreuses expositions en France, aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne et en Suisse.

source : http://www.reroart.com/news/index.html

Rero Centre Pomidou

Installation réalisée dans le cadre de l'exposition EX SITU au Centre Pompidou.
Mai/Juin 2013
en collaboration avec Sarah Mattera

Roland Sabatier : "Regarde ma parole qui parle le (du) cinéma"

  • Par
  • Le lundi, 27 octobre 2014

Regarde ma parole

"Regarde ma parole qui parle le (du) cinéma". Film polythanasé. Durée 45’. Présenté le 9 novembre 1983 au Festival d’avant-garde du film. Version vidéo VHS, 46’, Production Psi, 1996.

En 1982, Roland Sabatier achève "Regarde ma parole qui parle le (du) cinéma" qui s’inscrit dans le cadre de la phase terminale du cinéma discrépant et ciselant. De ce film étrange le cinéaste a donné plusieurs versions qui en positionnent différemment le son et l’image. Dans la version la plus récente la bande visuelle dépourvue de toute représentation se contente de faire défiler des séquences indiquant chacune la nature du plan évoqué: “Gros plan”, “Panoramique.”, “Plan américain.”, “Plan de demi ensemble”, etc. Sur ces “images”, le son est constitué par un monologue intérieur d’un cinéaste qui s’interroge sur le devenir de son art. Sa rêverie dérivera à plusieurs reprises sur le tournage qu’il peut suivre de sa place d’un film commercial dont certains faits détermineront à son esprit une multitude d’images, d’allusions et de références en relation avec des scènes célèbres de l’histoire du cinéma. Avec cette réalisation, le film disparaît en tant que film pour ne plus subsister que sous la forme de références génériques relatives au cinéma. En cela l’auteur veut affirmer que “la simple allusion au cinéma reste encore une possibilité d’existence du cinéma”.
Gérard Bermond

Extrait d'un texte publié dans Jeune, dure et pure. Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France. Ed Cinémathèque française et Mazzotta, Milan, 2001.
1982
Exposition Roland Sabatier
Anti-cinéma (lettriste) et cinémas lointains (1964-1985)
Garage Cosmos Avenue des Sept Bonniers 43 1180 - Bruxelles
Belgique,24 octobre – 20 décembre 2014



Jean Mas, le promeneur de mots

  • Par
  • Le jeudi, 23 octobre 2014

Mots aux maux mas 1

Jean Mas Galerie Alexandre De La Salle Saint-Paul de Vence 1996

« … Le mot comme action, comme pratique, le mot générateur d'événements, d'œuvres, d'autres mots, dans le système ouvert qu'est l'art, c'est Mas qui le dit, le mot comme objet qui vous tombe sur la tête, et qu'on entend sonner comme si c'était la première fois. Il va récupérer les mots nichés dans les recoins des cages d'escalier…Jean Mas est l'agitateur sémantique de l'Ecole de Nice, déjà si percutante. Avec ses "prises" dans le quotidien du quotidien il nous tend un drôle de miroir...».

Par France Delville - Critique d'Art (extraits)

Performance... PerforMas

La PerforMas est une extension de l’expression plastique de l’artiste. Elle induit un discours critique et déconnecté de nature à mettre en évidence les incontournables incertitudes de l’esprit.

Sa première PerforMas ‘Igloo’ a été réalisée en 1969 à laquelle il a associé les artistes Ben Vautier et Serge III.


SpY, un espion dans la ville

  • Par
  • Le lundi, 20 octobre 2014

Spy error

SPY

Le mot "ERROR" a été peint sur la façade d'un immeuble des environs de  Stavanger en Norvège (Nuart Festival 2014)
Street artiste espagnol, SpY est né en 1975 et travaille à Madrid. Ses interventions dans l'espace urbain cherchent à créer une parenthèse dans la vie formattée des citadins. La plus grande partie de sa production provient de l'observation de la ville et une appréciation de ses composants, non pas comme éléments inertes, mais comme palette de matières débordant de possibilités. Les pièces de Spy veulent être une parenthèse dans l'inertie automatisée de l'habitant urbain.

Spy

Récemment , il a réalisé une oeuvre pour La Nuit Blanche à Paris: « I'm not a real Artist ». Maîtrisant le happening urbain, SpY appose pour Nuit Blanche cette phrase en lettres phosphorescentes sur le mur du 73 de la rue du Chevaleret. L’artiste espagnol, qui intervient dans l’espace public depuis les années 80, a commencé avec le graffiti avant de détourner les affiches et le  mobilier urbain qu’il transforme ou reproduit de manière ironique ou décalée avant de les réintégrer dans la rue. Travaillant aussi bien le pochoir, le collage, la soudure, que le bois ou la pierre, ses interventions portent une dimension ludique tout autant que politique qui interpellent le citadin en lui proposant une autre perception de son environnement.

La parole sur l'Art : une liberté publique

  • Par guibert
  • Le mardi, 14 octobre 2014

Ben liberte

Une parole multiforme

La parole sur l'Art prend de nos jours des formes diversifiées et se manifeste sur des supports nouveaux. Le développement désormais incontournable des blogs sur l'art modifie singulièrement l'espace dans lequel s'expriment les acteurs, les spectateurs de la création, jusqu'à des temps récents habitués aux moyens écrits et audiovisuels classiques: journaux, revues, télévision notamment.

Cette multiplication des blogs a pour conséquence l'apparition d'une parole multiforme, détachée de toute autre considération que la ! libre expression individuelle s'adressant à d'autres individus. Dans le même temps, un corps social s'interpose de plus en plus souvent entre l'artiste et le visiteur : les agents de la médiation. C'est bien une corporation de médiateurs qui délivre une parole, présence souvent même incarnée par une sentinelle devant chaque œuvre.
Concernant les artistes, la génération de ceux qui considéraient qu'ils n'avaient pas à s'exprimer autrement que par leur travail est maintenant devancée par celle des artistes qui intègrent la parole dans leur démarche artistique, en font un élément déterminant de l'art. Dans certains cas parfois, cette parole est partie prenante de l'œuvre elle-même.
La parole sur l'art est donc ! diverse. Du critique d'art au commissaire d'exposition, du visiteur à l'artiste, du bloggeur au médiateur, du journaliste au responsable de galerie, toutes ces paroles contribuent à tenter de cerner ce phénomène insaisissable : la création.

Une parole libératrice


Il ne faut pas chercher longtemps dans l'actualité pour trouver les symptômes des oppositions radicales à cette parole. Ces oppositions sont parfois curieusement le fait de certains qui s'expriment au nom de l'art. Les tentatives se multiplient, notamment dans le domaine de l'art contemporain, pour remettre en question ce qui fait la nature même de cette parole : l'ouverture d'esprit, la remise en cause des tabous, des interdits, bref la capacité de concevoir une pensée libératrice.
Cette parole sur l'art, dans toutes ses composantes, constitue finalement un marqueur social et les tentatives pour la disqualifier voire la réduire sont autant d'atteintes à la création. La parole sur l'art, comme l'art, a besoin de cet oxygène : la liberté.
Quand bien même la parole sur l'Art n'accède pas formellement à la sphère du droit, il n'est pas abusif, me semble-t-il, de l'associer au domaine des libertés publiques, ne serait-ce que lorsqu'elle est attaquée. Alors l'alerte qu'elle signale n'est pas étrangère au sort de toutes les autres libertés publiques

Claude Guibert

Photo: Ben Vautier

Sean Hart : la parole s'affiche

  • Par
  • Le lundi, 13 octobre 2014

"Ne pas jeter sur la voie publique"

Sean hart


" D’après une biographie officielle, c’est en 1997 qu’il découvre le potentiel créatif de la rue en tombant nez à nez avec des graffitis dans les rues de Saint-Étienne. Comme toute une génération d’artistes, c’est à leur contact que le jeune homme est entré dans l’art et a conçu son propre langage fait d’apostrophes et de formules philosophiques.
Après une scolarité à l’École Nationale Supérieure des Arts de Strasbourg et de nombreux projets photographiques ou vidéo, il intervient avec la série Night’s Almost Gone sur des matelas laissés à l’abandon dans Paris, travail qu’il prolongera avec Fuck The Sandman. Car la surprise a dû être au rendez-vous pour ceux qui sont tombés, à la dérobée, sur cette affichage non-conforme disposé sur les quais du métro. Fond noir, lettres blanches soulignées, l’artiste emprunte au lexique publicitaire pour diffuser ses appels à la révolte ou à la réflexion. Comme ici à la station Mairie des Lilas. Son intervention se prolonge d’ailleurs dans les rames où le plasticien saisit les espaces réservés en général à la réclame pour y apposer ses “phrases chocs” et susciter un dialogue avec les passagers, premiers spectateurs de son travail. Sean Hart se distingue par la collision entre un propos volontairement intellectuel et un médium qui ne pourrait être plus démocratique."

(Source :http://www.konbini.com/fr/inspiration-2/sean-hart-street-art-metro/ )

La parole est d'Art par Jean-Luc Chalumeau

  • Par
  • Le vendredi, 10 octobre 2014

" La parole est d’art Quel beau titre !

Mais il faut bien dire qu’il y a beaucoup de paroles aujourd’hui en matière d’art, surtout s’il est dit « contemporain » : paroles d’admiration, de célébration, de doute, de dénigrement et même de haine. Comment les étudier ? Comment faire le tri ? Un festival ludique au cours duquel elles pourraient toutes être entendues serait peut-être l’idéal. Encore faut-il le faire…"

Jean-Luc Chalumeau
9 Octobre 2014

Passionné par la philosophie, la critique et l'histoire de l'art de Platon à nos jours (du titre de l'un de ses ouvrages paru chez Vuibert), Jean-Luc Chalumeau a enseigné l à Sciences Po, l'EFAP, l'ICART, l'ENA, l'université Paris VIII et l'université Paris III. Après avoir dirigé la revue 'OPUS International' de 1981 à 1995, il est à la tête de la revue 'Verso Arts et Lettres'. Egalement auteur, Jean-Luc Chalumeau a publié une trentaine de livres dont la trilogie des 'Deux cents plus beaux' aux éditions du Chêne et celle des peintres (' Othon Friesz', 'Vermeer') et courants (' Fauvisme', 'Cubisme') au Cercle d'Art.

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